Le problème d’accès au hameau est un boomerang. Depuis la tempête Alex, Castérino n’est plus accessible par la route RD 91. Et les acteurs économiques de ce territoire alpin se demandent comment ils vont faire pour travailler. Chaque hiver. Chaque été.
Situé à 1.500mètres au-dessus de Tende, le hameau ne compte peut-être qu’une dizaine d’habitants à l’année. Mais c’est une manne financière. Castérino est à la fois une station nordique et la porte d’entrée de la vallée des Merveilles. Il compte quatre hôtels, plusieurs entreprises d’activités en extérieur et 40.000 visiteurs à l’année. En temps normal, c’est le poumon économique de la vallée de la Roya.
C’est pourquoi les professionnels du tourisme, les associations et maires de la vallée cherchent des solutions pour faciliter l’accès. Et demandent la mise en place d’une navette, de part et d’autre, du chantier de reconstruction de la RD 91.
Deux routes d’accès
Actuellement, il n’y a que deux moyens d’aller à Castérino. Soit par l’ancienne route du sel, dite des "50 lacets", où les conditions de circulation sont très réglementées [lire par ailleurs]. Soit par la RD 91 qui est praticable jusqu’au lac des Mesches. Ensuite, il faut continuer à pied.
Le Département a aménagé une passerelle piétonne pour contourner le dernier obstacle: une brèche de 60mètres de large actuellement en travaux. La passerelle doit être livrée mercredi. Mais, à ce jour, on ne sait toujours pas quel transport sera mis en place de l’autre côté pour les touristes.
Une navette en amont, pas en aval
Fin janvier, le maire de Tende avait annoncé que des navettes seraient mises en place de part et d’autre de la brèche. Ce qu’avait confirmé le Département il y a un mois, mais pas la communauté d’agglomération de la Riviera Française (Carf). C’est elle qui gère le réseau Zest sur le territoire. Et a priori, elle aurait choisi de faire tourner une navette en amont de la brèche, uniquement.
Le maire de Breil-sur-Roya l’avait pointé au conseil communautaire du 19 mai. La fiche horaire placardée devant le bureau d’information touristique de La Brigue vient confirmer ses craintes. On peut y lire qu’à compter du 18 juin et jusqu’au 30 septembre, une navette de 33 places (sans réservation) partira de Tende à 8h, 10h50, 13h et 15h50. Elle passera par La Brigue, Saint-Dalmas-de-Tende avant de monter au lac des Mesches. Son terminus.
Et pour le reste? "Liaison entre le lac des Mesches et Castérino: 45 minutes de marche", indique le document.
Les autres solutions sur la table
Contactée, la communauté d’agglomération a fait savoir qu’il y aurait une réunion des maires, ce lundi, pour débattre du sujet. Et trancher.
D’autres solutions avaient effectivement été évoquées. Selon le CSVCVR (1), la Carf avait d’abord imaginé que le chauffeur de la navette fasse le trajet en amont. Puis qu’il descende du bus avec les passagers pour traverser la passerelle et repartir au volant d’une autre navette, garée de l’autre côté.
Au conseil communautaire du 17 mai, le maire de La Brigue proposait une navette "sans chauffeur" conduite à tour de rôle par les commerçants et hôteliers. Une solution "ingérable" avait rétorqué son homologue breillois. Sébastien Olharan défendait plutôt l’idée du CSVCVR et des acteurs économiques de Castérino: mettre à disposition un véhicule et un agent Zest sur le hameau cet été pour assurer une mission de service public.
"D’autres sites l’ont fait, expose Daniel Cottalorda, membre du bureau du CSVCVR. Le service de navette de Saint-Véran génère un coût de 40.000€ par saison, avec un reste à charge pour la maire de 5.000 e, en déduction des recettes clientèle. Je peux comprendre qu’on demande un effort important à la Carf, mais Castérino est bloqué depuis deux ans alors qu’il fait travailler toute la vallée."
Il espère que cette réunion prévue lundi permettra de sortir de cette "impasse" avant l’ouverture totale de la RD 91, prévue à la fin de l’année.
(1) Comité de soutien des voies de communication de la vallée de la Roya